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Le coffre invisible : quand le silence coûte cher

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Par Dominique Fournier

En 2026, la transparence salariale n’est plus une option : elle est exigée par une majorité de travailleurs et travailleuses. Selon un sondage réalisé par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (l’Ordre), 90 % des candidats et candidates jugent important d’accéder aux informations salariales d’un poste.

Plusieurs provinces se sont récemment dotées d’une loi sur la transparence salariale. C’est le cas de l’Ontario dès 2018, de Terre-Neuve-et-Labrador et de l’Île-du-Prince-Édouard en 2022, de la Colombie-Britannique et de la Nouvelle-Écosse en 2023.

Il en va de même dans plusieurs États américains, dans l’Union européenne et dans d’autres pays qui légifèrent afin de généraliser ce principe.  Pourtant, dans de nombreuses PME, la résistance demeure. Les dirigeants craignent de perdre leur marge de manœuvre ou de déclencher des tensions. 

Mais que se passe-t-il quand le secret devient un poids?

Voici un conte qui illustre cette réalité.

Il était une fois, dans une petite ville industrielle, un propriétaire d’entreprise nommé Gustave, maître incontesté des métaux et des chiffres. Son atelier résonnait du bruit des presses et des soudeuses, et ses ouvriers, des artisans chevronnés, travaillaient avec une précision digne des horlogers. La plupart étaient là depuis vingt ans, certains depuis trente. Ils formaient une famille… ou presque.

Mais dans ce royaume d’acier, il y avait un coffre invisible : les salaires. Personne ne savait ce que contenait ce coffre, sauf Gustave. Les ouvriers murmuraient parfois : « Pourquoi ne pas établir des échelles ? Pourquoi ne pas dire ce que chacun vaut ? » Mais Gustave résistait.
« Si je révèle les chiffres, je perds mon pouvoir », pensait-il. « Et puis, ils sont heureux, non ? »

Un jour, un jeune soudeur entra dans l’atelier. Curieux et audacieux, il demanda :
— Maître Gustave, combien gagne le plus ancien ? Combien puis-je espérer si je reste dix ans ?
Gustave fronça les sourcils :
— Ici, on ne parle pas d’argent. On parle de travail bien fait.

Mais les murmures devinrent des voix, et les voix un chœur. Les artisans voulaient savoir. Non par avidité, mais par justice. Car dans le silence du coffre invisible, naissaient les soupçons, les comparaisons, les rancunes.

Un soir, Gustave resta seul dans son bureau. Il regarda ses ouvriers partir, fatigués mais loyaux. Et il se demanda :

« Si je continue à cacher, que deviendra la confiance ? Si je partage, que deviendra mon pouvoir ? »
Il comprit alors que le vrai pouvoir n’était pas dans le secret, mais dans la clarté. Car un coffre invisible finit toujours par peser plus lourd qu’un lingot d’or.

Conclusion :
La transparence salariale n’est pas qu’une tendance : c’est une réponse à un besoin profond de justice et de confiance. Les entreprises qui l’embrassent gagnent plus qu’elles ne perdent : elles bâtissent un climat où la loyauté et la performance reposent sur la clarté.
Et vous, votre coffre est-il encore invisible ?

 

3 actions pour amorcer la transparence salariale dans une PME

  1. Établir des grilles salariales simples et cohérentes
    Définissez des fourchettes par poste ou par niveau de compétence. Cela rassure et donne un cadre clair.
  2. Communiquer progressivement
    Commencez par expliquer la logique derrière les salaires (compétences, responsabilités, ancienneté) avant de publier les chiffres.
  3. Former les gestionnaires à la conversation salariale
    La transparence ne se limite pas à un tableau : elle exige des explications claires et une posture de dialogue.

 

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