
Pour bien des gestionnaires, dire non peut être une épreuve. Notre désir de plaire, d’éviter les conflits ou de ne pas décevoir nous pousse parfois à accepter des demandes que nous aurions dû décliner. Le résultat ? Des décisions prises à contrecœur, un déséquilibre dans l’équipe… et souvent, le regret d’avoir été trop gentil.
Et si demain, au lieu de dire oui à tout, vous adoptiez une nouvelle perspective : celle où dire non équivaut à dire trois fois oui.
Le pouvoir du « non » réfléchi
Dire non, ce n’est pas rejeter ou fermer la porte. C’est au contraire :
- Oui à vos besoins (enjeux, projet, demande spéciale),
- Oui aux besoins de l’organisation (l’équité, la cohérence des règles, la performance collective, maintenir le service),
- Oui à une alternative, qui tient compte de la demande initiale tout en respectant les besoins et les contraintes de l’organisation.
Cette approche permet de sortir de la dynamique binaire oui/non pour entrer dans un espace de co-construction. On ne nie pas le besoin exprimé, mais on l’intègre dans une réflexion plus large.
L’art de dire non avec clarté… et respect
Lorsqu’un membre de l’équipe fait une demande, il espère sans doute une réponse positive, mais il sait aussi, consciemment ou non, qu’un refus est possible. En tant que gestionnaire, votre responsabilité est envers l’ensemble du collectif, pas uniquement envers l’individu qui s’exprime à ce moment précis.
Dire non devient alors un acte de leadership : c’est tracer des limites claires, protéger l’équité, et favoriser une réponse durable plutôt qu’un oui impulsif.
Exemples concrets pour s’approprier la méthode
Exemple 1 : Demande de télétravail prolongé à l’étranger
Demande : “Puis-je prolonger mon télétravail d’un mois complet à l’étranger ?”
Réponse : « Non, pas pour un mois complet. »
- Oui à ton besoin de flexibilité (distance, coût, etc.)
- Oui à notre exigence de présence partielle pour garantir la qualité du service,
- Oui à une solution alternative : deux semaines à distance suivies d’un retour progressif.”
Exemple 2 : Demande d’horaire réduit pour raisons familiales
Demande : “Est-ce que je peux terminer à 16h plutôt qu’à 17h ? Ça m’éviterait de payer le service de garde.”
Réponse :« Je ne peux pas t’accorder un départ à 16h chaque jour, car le besoin opérationnel est jusqu’à 17h »
- Oui à ton besoin de concilier ton horaire familial,
- Oui à notre engagement envers le service aux clients jusqu’à 17h,
- Oui à une alternative : on peut regarder ensemble si un aménagement ponctuel est possible certains jours, ou envisager un échange d’horaire avec un collègue.
Et si vous essayiez ?
Entraînez-vous cette semaine. La prochaine fois que vous sentez le oui réflexe monter, respirez.
Reformulez votre réponse selon le modèle du non = 3 x oui. Observez la réaction. Et surtout, observez comment vous vous sentez après...